L'antichambre dite "du Col de cygne", en rez-de-chaussée dans les petits appartements des souverains, sous la galerie François Ier, est une pièce qui se situe le long de la cour de la Fontaine et qui commandait originellement l'entrée des étuves de François Ier. Le dallage à cabochons de marbre de l'antichambre du col de Cygne semble dater de la fin du 18e siècle.
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/TZ7GO5/01-019356.jpgSi ses dispositions actuelles et le décor datent pour l'essentiel du règne de Louis XVI (1786), il n'est pas impossible qu'une partie des stucs ou des marbres muraux remontent au 16e siècle, comme l'ensemble du décor de la salle des marbres de Rambouillet.
http://www.elysee.fr/elysee/root/bank/le_patrimoine/repramb12.jpgCette antichambre du col de Cygne doit son nom actuel à la fontaine placée dans une niche au centre du mur du fond à pans coupés, niche cintrée encadrée par des fausses-portes symétriques et décorée d'un haut-relief en plomb doré se détachant sur un fond de roseaux, composé d'un enfant et d'un cygne penchés au dessus d'une coquille de marbre blanc, oeuvre du sculpteur Roland et du bronzier Thomire, 1784.
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/10F5VT/01-019358.jpgMais sous l'Ancien Régime elle servait de pièce des buffets à la salle à manger suivante, organisée orthogonalement sur un plan transversal, entre la cour de la Fontaine et le jardin de Diane, sous la galerie François Ier et dans le nouveau corps de logis parallèle construit pour Louis XVI en 1785-1786 sur ce jardin.
La salle à manger de Louis XVI fut divisée en deux pour Napoléon Ier en 1810 : cabinet topographique côté jardin, première pièce des bureaux de l'empereur côté cour.
Ne subsistent de l'aménagement d'Ancien Régime dans le cabinet topographique que la corniche complétée sous l'Empire
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/YGQS7W/96-006835.jpg , la cheminée (d'origine ?) déplacée en 1862 lors de la création d'une fausse porte, et trois ou quatre (?) dessus-de-porte par Sauvage (traités en trompe-l'oeil de bas-relief de marbre, comme à Compiègne), sujets de bacchanale (le quatrième tableau peut-être et le cinquième sûrement sont l'oeuvre de Lussigny en complément des premiers sous l'Empire),
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/PLCPH3/00-003942.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/9JMOSV/00-003936.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/OFVUYL/00-003940.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/EETRLC/00-003923.jpgDans la première pièce des bureaux de l'empereur il ne reste que la corniche, elle-aussi complétée à la même époque.
Cette belle salle à manger était surtout décorée des quatre grandes toiles d'Hubert Robert (242 x 242 cm) illustrant les antiquités du Languedoc et conservées au Louvre (livrées en 1787) :
le temple de Diane à Nîmes
http://cartelfr.louvre.fr/pub/fr/image/13363_p0006162.001.jpg ,
la Maison Carrée, les arènes et la tour Magne dans la même ville
http://cartelfr.louvre.fr/pub/fr/image/13365_p0006161.001.jpg ,
les monuments de Saint-Rémy-de-Provence, l'arc de triomphe et le théâtre d'Orange
http://cartelfr.louvre.fr/pub/fr/image/13360_p0006160.001.jpg ,
et le pont du Gard
http://cartelfr.louvre.fr/pub/fr/image/13371_p0006159.001.jpg .
Notons que les cadres sont probablement ceux d'origine, intégrés à la boiserie qui devait être tout à fait blanche comme à Versailles ou peut-être traitée (partiellement ?) en faux bois (cf. Compiègne).
La salle était meublée de chaises du même modèle qu'à Versailles, qui en conserve deux :
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/LAOZ4U/89-001110.jpgMais quelle était la couleur du meuble bellifontain, probablement un gros de soie, taffetas ou damas monochrome pour les rideaux et les portières et un velours de laine (gauffré ?) pour les sièges ?
Enfin sur la table était disposé le service en porcelaine de Sèvres décoré en camaïeu carmin livré de 1756 à 1787 et qui comprenait à l'origine plusieurs centaines de pièces. Le musée de Fontainebleau tente d'en rassembler un ensemble significatif depuis quelques décennies maintenant ; politique bien plus intelligente et cohérente que celle d'un échantillonage qui se veut systématique pratiqué par Versailles ou le Louvre, échantillons qui ne permettent évidemment pas d'évoquer les arts de la table et l'usage spécifique des différentes pièces. Les assiettes et pièces de forme réunies par le château sont habituellement exposées dans des vitrines le long des murs de la salle des buffets précédente.
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/XN67MF/90-005260-01.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/IPCPH3/00-001377.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/L4ICK1/00-001379.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/Q83I0G/00-001383.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/FIRF8P/00-001385.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/EBWY52/00-001389.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/T79JPD/00-001392.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/HW4A1Q/00-001395.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/WJ9JPD/00-001397.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/PHVUYL/88-003239.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/VG7GO5/88-003241.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/X6MOSV/88-003240.jpgSi ce service peut surprendre par son apparente simplicité et sa monchromie, il est bon de rappeler que la couleur carmin était obtenue par la cuisson d'une peinture à base d'oxyde d'or, difficile et surtout très couteuse à obtenir. Bref cette vaisselle, d'un raffinement discret, n'en est pas moins d'un très grand luxe.
Ce service a récemment fait l'objet d'une présentation temporaire très intéressante à l'occasion de l'exposition
Sèvres 1756 au musée national de céramique à Sèvres du 11 octobre 2006 au 8 janvier dernier. La vaisselle y était disposée sur une table circulaire nappée de blanc, en son centre était évoqué le surtout d'origine, à l'aide de figures en biscuit et de bouquets de porcelaine polychrome.
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/DK3I0G/04-503868.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/YB7GO5/04-503870.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/SUPTBI/04-503872.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/Q83I0G/04-503871.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/ELG1Z6/05-530509.jpghttp://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/ILCPH3/06-517914.jpgJe n'avais rien vu d'aussi beau depuis les
Tables royales à Versailles en 1993 !
Quelqu'un en aurait-il une photo (je n'avais malheureusement pas mon appareil sur moi et j'ai visité cette exposition la veille de son démontage) ?
Espérons qu'un jour les antiquités de Robert reviendront du Louvre et que la salle à manger de Louis XVI retrouvant ses dimensions et son décor d'Ancien Régime pourra accueillir la table dressée avec le service camaïeu carmin. Quelqu'un aurait-il d'autres informations sur ces deux pièces (mobilier d'ébénisterie ou de menuiserie complémentaire, quantités, inventaires, livraisons, mémoires, pelles, pinces et feux de cheminée, bras de lumières, éclairage, argenterie, poêle éventuel, meuble, parquet, . . . ) ?
Sources : Guide du musée par J.-P. Samoyault (RMN, 1991) et publication dans la collection "Les grands services de Sèvres" du
Service camaïeu carmin de Fontainebleau par Y. Carlier, éd. RMN, 2006.